mardi 30 juillet 2013

Pétage-cocktail

À l'heure où les grands fauves viennent boire à la rivière, en ce début de soirée serein où le Saint-Sulpiçois-d'Excideuil passe tranquillement au jardin, un verre à la main, profiter de la douceur du crépuscule venant… À cet instant délicieusement hors du temps (et non-pas éternel, Benjamin, je t'expliquerai...) donc, Michael (mon sympathique voisin danois, bricoleur approximatif et ennemi implacable de la salade de gésiers – non pas qu'il n'aimât pas la dévorer), finissant ce que je pensais n'être que la première canette de notre paisible fin de journée, s'est levé et a dit : 
"Bon allez ! On va péter l'escalier, y'en a pour une heure, et après on va diner !".
Stupeur dans les rangs des buveurs d'apéro, dont l'esprit libéré de tout sentiment belliqueux ou violent à ce moment précis de leur longue journée, peine à saisir les implications d'un tel cri d'alarme. Digestion de l'information, déglutition de la dernière gorgée de bière, enfilage d'une tenue adaptée et mise en route du chantier.
Rapidement, les herbes hautes sont coupées et le matériel sorti. Déjà un peu en retard sur le programme qui nous laissait jusqu'à un gros 21h pour en finir avec la volée de marche et aller diner à la fraîche en fiers et efficaces destructeurs.
Dès le premier coup de perforateur, les hommes de l'art ont senti l'embrouille : le béton de cet imposant ouvrage périgourdin est un cousin direct de celui qui avait été utilisé dans le mur qui, il y a bien longtemps, séparait les deux pièces de la cantine (juste en dessous) et qu'on avait eu un mal de chien à mettre par terre...
Alors bon, on ne s'est pas découragés pour si peu et avons attaqué notre travail de sape le long du mur, mettant peu à peu au jour l'armature métallique du colosse de béton. Un interminable et rude combat s'engage alors entre la fourbe matière sourde et inerte et nos petites mains rageuses et leurs perforateurs à électricité nucléaire. Centimètres par centimètres, les pointes d'acier trempé, dégoulinantes d'huile ébouillantée par le rythme infernal des cycles de percussions, pénétraient rageusement dans le cœur de la matière, dispersant à tout jamais un agrégat si compact que rien ne semblait pouvoir, un jour, l'éparpiller par petits bouts, façon puzzle, si ce n'est la fin cataclysmique de notre système solaire tout entier, au moins.
C'est alors que le soleil a commencé à décliner doucement et Michael à mettre des coups de tête dans mon mur ; il était temps de reposer nos armes, panser les blessures et d'aller glisser nos pieds sous la table en se disant qu'on continuerai plus tard. On a bien fait un trou de 25 cm de long.




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